Parmi les salons du livre les plus agréables (avec ses débats, ses dédicaces, ses rencontres et son café-restaurant), le Maghreb-Orient des Livres a repris sa formule « grand public » après la parenthèse Covid à l’Hôtel de ville de Paris du vendredi 13 au dimanche 15 mai. Sous les ors et les statues de la République, les amateurs du Maghreb et du Moyen-Orient ont pu retrouver leurs auteurs préférés et les dernières nouveautés qui faisaient la part belle à l’indépendance de l’Algérie. Pour la maison Riveneuve, Romain Costa, monté spécialement de Montpellier, a dédicacé son « Comprendre les Tunisiens » tandis que sa préfacière l’historienne Sophie Bessis intervenait dans plusieurs conférences. Gilles Gauthier dédicaçait son roman « Un si proche ennemi » dont la couverture a été dessinée par le bédéiste Jacques Ferrandez mis à l’honneur par le salon. Le dimanche, c’était le tour de David Hury de dédicacer « Mustapha s’en va-t-en guerre », roman ayant passé la deuxième sélection en très bonne position du Prix Les Lorientales. Le journaliste Mohamed Benchicou devait intervenir dans un débat sur « Résister, transmettre » avec sa biographie rééditée en poche : « La Vie occultée de Madame Messali Hadj, une Française au cœur de l’indépendance algérienne ». Mais ces aficionados sont repartis sans le voir. Il est vrai que le salon a mobilisé moins de monde et moins de livres qu’avant, après avoir été reporté en février dernier. Sans doute à cause ce week-end de la concurrence déloyale du soleil et des températures estivales autant que du blocage des frontières algériennes qui ont empêché la venue de nombreux auteurs et éditeurs de là-bas.

Mustapha s’en va-t-en guerre
RENTRÉE LITTÉRAIRE 2021
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Paris, 1961. Un attentat de l’OAS dévaste un hôtel rue Mouffetard. Son patron agonise sous l’œil d’un policier, son ami d’enfance. Mais comment ont-ils pu en arriver là ?
De janvier 1929 à novembre 1962, le roman suit le parcours de Mustapha, né dans l’oasis de Figuig au Maroc. Arrivé en France en 1939, il est enrôlé et fuit à Londres après la débâcle de 1940. Une nouvelle vie commence : il intègre les réseaux de Résistance et change d’identité pendant les heures sombres de l’occupation allemande. Une route qui le mènera à s’engager dans les années 50-60 en faveur de la lutte du FLN à Paris.
Inspiré de faits réels, ce roman traverse trois décennies de l’histoire française et maghrébine, entre la colonisation, la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale et le combat pour l’indépendance de l’Algérie.
L’auteur nous embarque dans une saga familiale, un récit politique au plus près de l’actualité et une quête de liberté. Une histoire en résonance avec les grandes questions d’aujourd’hui sur nos origines et nos parcours, nos choix et nos compromissions. Un grand roman d’amour, d’amitié et de trahison.

Un si proche ennemi
Lendemain de Noël 1994 : trois passagers ont déjà été abattus quand l’avion d’Air France détourné par un commando islamiste atterrit à l’aéroport de Marignane. Cellule de crise à Matignon, à l’Élysée et au ministère des Affaires étrangères : la France est tétanisée, les généraux à Alger fulminent. Le GIGN est aux aguets, les téléphones chauffent, l’attente semble interminable. Un diplomate français, mobilisé toute la nuit au Quai d’Orsay, se remémore sa découverte, au lendemain de la guerre d’indépendance, du Sud algérien. Jeune coopérant au lycée de Biskra, il rencontrait alors un élève brillant qui allait devenir plus qu’un ami avant que leurs chemins ne se séparent. Mais alors que le GIGN est sur le point d’intervenir et que des informations parviennent enfin sur l’identité des terroristes, il est pris d’un doute terrible.
Un roman bouleversant inspiré de faits réels.

Comprendre les Tunisiens
Préface de Sophie Bessis
Postface de Kmar Bendana
Photos de François Bioche
Essayer d’appréhender la personnalité tunisienne, c’est d’abord se plonger dans une histoire millénaire marquée par les Phéniciens, les Romains, les Fatimides, les Berbères, les Ottomans et les Français. C’est ensuite comprendre que la situation géographique méditerranéenne de la Tunisie, à l’intersection de l’Europe et de l’Afrique, a indéniablement influencé sa culture, ses croyances et ses pratiques sociales. C’est enfin accepter que la somme de ces influences et cette mixité historique soit à l’origine de contradictions et de tiraillements, jusqu’à l’absurde parfois, dans la Tunisie d’aujourd’hui. Abritant tout à la fois Kairouan – la quatrième ville sainte de l’islam –, la synagogue de la Ghriba – lieu de pèlerinage annuel juif sur l’île de Djerba – et ayant donné trois papes à l’Église chrétienne, la Tunisie est l’expression vivante d’aspirations contradictoires. Car c’est bien ce qui caractérise l’identité tunisienne contemporaine, toujours située dans un entre-deux antinomique, entre attachement à la tradition musulmane et ouverture sur le monde, conservatisme sociétal et volonté de changement, dévouement absolu à la famille et désir d’émancipation…
Pas une seule adresse d’hôtel, pas une seule description touristique : voici un guide de voyage assez spécial à l’attention des voyageurs qui ne veulent pas à tout prix éviter les habitants du pays qu’ils visitent.

La vie occultée de Madame Messali Hadj
C’est l’histoire d’un grand amour entre un garçon de Tlemcen et une jeune fille de Lorraine qui rêvait de devenir une autre Coco Chanel mais qui restera, pour les Algériens, la femme sans laquelle rien n’aurait été possible. Émilie Busquant a rédigé le premier texte revendiquant
l’indépendance pour l’Algérie en 1927. Aux côtés du futur leader du nationalisme algérien, Messali Hadj, elle a conçu et confectionné le drapeau algérien qu’on connaît aujourd’hui. Elle a dû diriger seule le Parti du Peuple Algérien, en 1937, quand la direction fut incarcérée.
Elle a déjoué une tentative de collaboration entre le PPA et Hitler… Elle est morte presque seule avant d’être systématiquement effacée de l’historiographie offi cielle.
En exhumant la vie d’Émilie Busquant, l’auteur célèbre à sa façon le 60e anniversaire de l’indépendance algérienne en rappelant qu’elle fut avant tout le fruit d’un élan internationaliste puissant et généreux.