Après trois années bouleversées à cause de la Covid, le Salon du Livre francophone de Genève a rouvert ses portes du 22 au 26 mars, offrant à Riveneuve pour la première fois une tribune pour trois auteurs : Elgas avec son ouvrage Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial, Hatem Nafti avec Tunisie, vers un populisme autoritaire ? et Flavio Meroni, un des co-auteurs de L’Amérique en otage, 444 jours de diplomatie secrète en Iran. L’Afrique étant à l’honneur au salon avec un programme orchestré par les écrivains-journalistes Boniface Mongo-Mboussa et Pascale Kramer, les deux auteurs africains ont débattu ensemble le mercredi autour d’ « Afrique, état des lieux » avec la journaliste modératrice Karine Papillaud qui a tout simplement « adoré » les deux essais, avant qu’Elgas ne débatte avec Nicolas Bancel et Damarice Amao sur le « Bilan post-colonial » devant un public réactif. D’ailleurs, tous Les Bons ressentiments ont été dévalisés une fois dédicacés et l’auteur a pu accorder deux interviews (au quotidien Le Temps et à la radio RTS) ! Le samedi, Hatem Nafti a présenté son livre devant un public a priori conquis mais où la première question est venue d’un calligraphe tunisien adepte de la théorie du complot du président Kaïs Saïed et qui s’est entendu dire ses quatre vérités. Le lendemain, alors que l’auteur tunisien était en photo avec une longue interview dans Le Temps, l’ancien diplomate suisse Flavio Meroni présentait pour la première fois en Suisse la somme la plus complète en langue française sur « l’affaire des otages américains en Iran » qui, il y a un peu plus de 40 ans, a failli conduire à une guerre mondiale ! Rappelant les autres co-auteurs, les anciens diplomates algériens Mohammed Bedjaoui et iraniens Ahmad Salamatian, l’ambassadeur a donné une conférence magistrale qui a été saluée par la trentaine de personnes réunies sur les leçons à tirer aujourd’hui de cette crise de 444 jours. Ainsi, on retrouve la diplomatie des otages qu’a ainsi inaugurée le régime iranien des Mollahs et qu’il applique toujours ; la diplomatie des sanctions internationales malgré les veto de certains États au Conseil de sécurité de l’ONU (souvent les mêmes : Chine et Russie ou URSS) et la mise à l’épreuve de la fameuse neutralité suisse, ou en cause, comme c’est le cas aujourd’hui dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Interviewé par Le Temps, Flavio Meroni a aussi répondu aux questions du rédacteur en chef de Radio Zones. À côté du Salon africain, l’espace des cultures arabes et méditerranéennes était animé par la librairie de l’Olivier de Maude et Alain Bittar où le public a pu trouver de nombreux titres de Riveneuve. Présente dans l’espace des éditeurs africains : la maison tunisienne Nirvana qui publie en Tunisie le livre de Hatem Nafti. L’auteur a eu ce luxe rare de réunir sur une même photo ses deux éditeurs français et tunisien. Un peu plus loin, les confrères Marc Wiltz (éditions Magellan et Cie), Philippe Thiollier (éditions L’Asiathèque) ou Paul-Erik Mondron (éditions Nevicata) tenaient le carré des éditeurs du voyage avec la satisfaction de trouver un public cosmopolite intéressé par les méthode de langues comme les contes et légendes d’ailleurs. Un tel salon est aussi l’occasion de retrouver d’autres auteurs de Riveneuve comme le philosophe sénégalais professeur à l’Université de Columbia Souleymane Bachir Diagne ou le chercheur franco-tunisien Mohamed Chérif Ferjani, l’agent littéraire Pierre Astier dont la maison défend des titres de Riveneuve au prochain salon de Londres notamment mais aussi des personnalités comme le chanteur Stéphane Eicher (Déjeuner en paix, Pas d’amis comme toi…), ou le journaliste Serge Michel qui lance aux éditions Georg une collection de brochures en sciences humaines pour faire avancer les débats. Elle s’appellera « Kraft » parce que c’est un « papier rugueux » et non parce que ça sonne un peu comme « Tract », la collection des libelles de Gallimard, « lancée pour retrouver une certaine légitimité du terrain en échappant à son image installée de littérature officielle » . Belle occasion de lui offrir la revue célébrant la collection pépite : seule collection de poche de France, Suisse et Belgique à être publiée… sur du kraft !
> Acheter les livres:
Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial