Le contexte libanais de crise multiforme (le pays n’a pas de président depuis un an et connaît un effondrement de sa monnaie) faisait déjà basculer la deuxième édition du Festival international et francophone du Livre de Beyrouth (2-8 octobre), organisé notamment par l’Institut français, en plein surréalisme mais c’était sans compter la guerre qui a explosé toute proche, en Israël et Gaza ! Tout le public et quelque 70 autrices et auteurs d’une douzaine de nationalités tels que le Goncourt Mathias Enard, le directeur des éditions cinquantenaires Sindbad Farouk Mardam Bey, le Femina Charif Majdalani, la romancière Maylis de Kerangal, le romancier Franco-algérien Yahya Belaskri où le grand reporter Jean-Pierre Perrin se sont retrouvés percutés comme dans une bulle, et avec eux les auteurs Riveneuve présents : Elgas, Hatem Nafti, Laure Delacloche et sa préfacière Dima de Clerck et leur éditeur. Alors que tout semblait calme, luxe et volupté dans le campus arboré d’ESA Business school pour débattre de littérature et de l’écriture de ce monde marqué par les dangers de l’intelligence artificielle (avec le limpide Pascal Mougin, professeur et voisin de Riveneuve), l’échec des printemps arabes (où intervenait l’auteur de Tunisie, vers un populisme autoritaire ?), ou les discriminations et les « identités meurtrières » (Elgas et ses Bons ressentiments dans un débat animé par Alexandre Mouawad, rédacteur en chef adjoint de Livres Hebdo), la guerre et les menaces directes sur le Liban ont frappé tout le monde de stupeur. Pour autant, quelque 70 personnes se sont retrouvées autour du lancement d’un ouvrage tout juste arrivé dans les valises de l’éditeur et pas encore en librairies en France ou au Liban : Comprendre les Libanais de la journaliste Laure Delacloche avec sa postfacière, la chercheuse Dima de Clerck qui présentait aussi son ouvrage Le Liban en guerre coécrit avec Stéphane Malsagne, et sous le feu roulant des questions de Nanette Ziadé, dynamique voix de Radio Liban et Nostalgie. La grande librairie Antoine assure attendre l’ouvrage pour ses différents établissements, tandis que les essais d’Elgas et d’Hatem Nafti ont été remis à l’agent littéraire Ghazi Berro, croisé dans un débat sur la traduction où l’on apprend que, si le nombre de traductions de romans et essais arabes vers le français reste relativement stable, 23 en 2022, tout n’est pas de grande qualité avec des titres à compte d’auteur, sans compter les livres de prédicateurs. Farouk Mardam Bey soulignait une baisse d’appétit pour les ouvrages sur le monde arabe dans la société française ; d’où la nécessité d’une volonté et d’une offre car la traduction de livre, même en temps de guerre, reste un des plus courts chemins d’un être humain à un autre. 

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Les Bons ressentiments

Tunisie, vers un populisme autoritaire ?

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