Conférence-débat mardi 28 septembre dans la librairie Les Champs Magnétiques (Paris 12e) autour de l’ouvrage « Patrice Chéreau, l’intranquille » de Dominique Goy-Blanquet. L’autrice était entourée du postfacier François Regnault, lui-même auteur d' »Une mémoire » chez Riveneuve et intime du grand acteur, metteur en scène et réalisateur, ainsi que de l’universitaire et traducteur de Shakespeare Jean-Michel Déprats. Le public a apprécié les échanges autour d’un des plus grands metteurs en scène français dont la vie – et c’est la thèse de l’autrice – est marquée de bout en bout par le père des dramaturges anglais.


Patrice Chéreau, l’intranquille
préface de Richard Peduzzi
postface de François Regnault
Dans l’œuvre de Chéreau, au théâtre comme au cinéma, Shakespeare occupe une place de choix. Depuis l’une de ses premières mises en scène, Le Prix de la révolte au marché noir et le très innovant Richard II qui provoqua la colère de son traducteur, le poète Pierre Leyris, jusqu’à ce Comme il vous plaira que la mort du dramaturge suspendra. On suit ici toute cette vie aux accents shakespeariens : l’enfance partagée entre le goût de la peinture et la hantise de la mort, l’orientation vers le théâtre dès le lycée, les guides et mentors Brecht, Orson Welles, Visconti, Planchon, Strehler, Starobinski…, l’engagement politique des premières mises en scène et des premiers opéras, leur univers pictural et sonore, le nomadisme, de l’Italie au nouveau TNP de Villeurbanne, la marche triomphale vers la renommée, de La Dispute à Hamlet, la direction des Amandiers, le dépouillement des dernières œuvres, l’adieu à Shakespeare… Sous l’éclectisme apparent, le passage d’un mode d’expression à un autre, s’exprime une volonté constante d’atteindre le cœur du texte mis sur le plateau et « bien raconter l’histoire ». Un parcours au service de l’excellence.

Une mémoire. Nouveaux Écrits sur le théâtre
François Regnault, grand homme de théâtre et théoricien, réunit ici de nombreux articles inédits ou publiés dans des revues sur le théâtre; une somme dans l’esprit d’une transmission aux nouvelles générations.
« Comme j’ai vu beaucoup de pièces de théâtre, participé à bien des répétitions, traduit ou commenté plusieurs auteurs, réfléchi sur quelques questions concernant l’art de l’acteur, décrit quelques spectacles, et que ce qui suit en témoigne, Une mémoire est le titre qui s’impose. Mémoire, au féminin, veut dire qu’on était là, qu’on a plutôt aimé, qu’on a tenté d’exercer quelque pensée, et qu’on se souvient ».
Voici l’intention de l’auteur en réunissant ici autant de textes inédits que de textes publiés dans des revues, des colloques ou dans le Journal du Théâtre de la Ville. En hors d’œuvre : le vers de théâtre, l’alexandrin, parce qu’il l’a beaucoup pratiqué et enseigné. Ensuite, à propos de la mise en scène, plusieurs textes consacrés à Patrice Chéreau, avec qui François Regnault a travaillé douze ans comme collaborateur et traducteur. Puis, des études sur des auteurs de théâtre : Corneille, Molière (collaboration constante avec Brigitte Jaques-Wajeman, avec qui il a fondé la Compagnie Pandora), Sartre, Pirandello, Brecht, Horvath (avec Emmanuel Demarcy-Mota), Ioneso, Dubillard, Crimp, Minyana, Koltès. Enfin, un texte sur les spectateurs de théâtre dans la conjoncture récente et des textes théoriques sur le théâtre (identification, distanciation, catharsis, le comique, théâtre et psychanalyse) et sur la Danse (Cunnigham, Pina Bausch). Un recueil patrimonial pour transmettre une riche expérience raisonnée de théâtre aux nouvelles générations.