C’est un lieu magique, à une tirée d’aile de pigeon de la Sorbonne, où Ali Baba a entassé tous les livres parus – essentiellement en français – depuis des décennies sur l’Orient compliqué. Le maître des lieux et coauteur de l’ouvrage “L’Amérique en otage, 444 jours de diplomatie secrète en Iran” Ahmad Salamatian recevait ses partenaires, l’ancien diplomate suisse Flavio Meroni et l’ancien président de la Cour internationale de justice de La Haye et ministre algérien Mohammed Bedjaoui le 19 mai, jour de sortie de l’ouvrage dans toutes les bonnes librairies. Plus d’une trentaine de personnes ont joué des coudes avec les livres pour participer à la conférence des trois auteurs et acteurs de cet événement exceptionnel – la prise d’otage pendant 444 jours des membres de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1979-1981- car ils étaient à l’époque tous parmi les premiers négociateurs (à l’ONU et à Téhéran). Les Américains savaient-ils qu’une prise d’otage dans l’ambassade était en préparation alors que des rumeurs circulaient dans tout Téhéran ? Comment se fait-il qu’autant de documents de la CIA et de télégrammes diplomatiques soient tombés entre les mains des assaillants alors que tout devait être broyé en moins de 30 minutes ? Comment se fait-il que les livraisons de pièces de rechange pour les armes dans la liste des réclamations iraniennes aient disparu de leurs exigences quand les émissaires de Ronald Reagan et de Georges Bush sont entrés en piste pour éviter que la libération des otages favorise la réélection du démocrate Jimmy Carter ? Pourquoi l’ambassade d’Algérie à Washington et le bureau au Nations-Unies ont été couverts de fleurs et que des dizaines de milliers de lettres d’enfants envoyées des écoles américaines leur sont parvenues? D’où vient la “diplomatie des otages” que pratique toujours aujourd’hui l’Iran ? Comment se sont déroulées les dernières heures avant le départ des 53 otages que comptait et recomptait le jeune Flavio Meroni monté dans les deux avions affrétés par Air Algérie ? Autant de questions auxquels les auteurs ont répondu avec vivacité, se remémorant les moindres détails de ces moments tragiques qui, il y a 41 ans, ont bien failli conduire à un conflit mondial, rappelant sur bien des points ce qui se passe actuellement entre la Russie et l’Ukraine. L’ouvrage est un vade mecum pour la diplomatie d’hier et d’aujourd’hui.