Passé midi, il fallait faire la queue une bonne demi-heure pour entrer dans la mairie du 6e arrondissement de Paris qui a accueilli les 15, 16 et 17 mars la 3e édition du Salon du livre africain. Dans la foule, on a pu croiser des auteurs ayant participé à la revue Riveneuve Continent comme Kebir Mustapha Ammi ou Khalid Lyamlahy, l’organisateur du Prix Afrique et Asie de l’Association des auteurs de langue française Pierre Bau, l’organisateur du Festival du livre africain de Marrakech Younès Ajarrai ou l’une des organisatrices du salon Maghreb du Livre (les 1er et 2 juin prochains) Sadia Barèche. Les deux compères Elgas (Les Bons Ressentiments) et Khalid Lyamlahy, professeur de littérature francophone à l’Université de Chicago, ont dédicacé leur livre sur le stand de Présence Africaine avant de reprendre le fil de leur “dialogue nord/sud en Afrique”, entamé au Maroc ou en Algérie lors des différents salons où ils se retrouvent. L’enjeu est là : redonner corps aux échanges des années 70 pour faire ce que le philosophe Souleymane Bachir Diagne dit du Sahara – “non une frontière mais un lieu d’échange et de transmission” – même si, comme le reconnait Khalid Lyamlahy, nombreux chez ses compatriotes marocains n’ont découvert leur “africanité” que récemment, “voire pas encore” ! Les deux auteurs ont cité Péguy et Fanon. Le lendemain, Elgas a débattu avec Boniface Mongo Mboussa (Tchicaya U Tam’Si. Vie et oeuvre d’un maudit) et d’autres autour du roman africain qui change chez les francophones comme chez les anglophones. Ce même Boniface Mongo-Mboussa, après avoir participé à un hommage à l’écrivain et homme politique congolais Henri Lopes, a porté en clôture du salon devant une salle comble un témoignage vibrant pour l’auteur maudit Tchicaya U Tam’Si (1931-1988), en présence de sa veuve et de la ministre de la Culture du Congo. La biographie littéraire de celui qui a failli avoir le Prix Goncourt en 1987 est parue pour la rentrée de septembre dans la collection Pépites. 

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Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial
Tchicaya U Tam’Si. Vie et oeuvre d’un maudit