Tchicaya U Tam’Si. Vie et œuvre d’un maudit

Fils d’un Senghor ou d’un Césaire, père d’un Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’Si résume à lui seul les embouchures de la littérature africaine, celles qui la font se jeter dans la littérature universelle… ou celles qui la font s’échouer sur les rivages d’un océan assassiné, l’océan d’un Lumumba, l’océan d’une parole maudite, comme celle des grands poètes qui ont osé élever la voix…

L’auteur retrace ici avec passion la vie et l’œuvre lumineuse de celui qui a traversé les heures essentielles des indépendances, la vie de l’enfant Gérald, son pied bot, l’ombre de son père député de la République française, l’absence de sa mère, les premiers pas dans l’écriture sous l’ombre d’un monument, Senghor, et ses espoirs levés, puis assassinés près d’un mentor devenu icône, Patrice Lumumba. D’Epitomé paru en 1962 après une préface de Senghor, suivi de Le Ventre (1964), Le Zulu (1976), Le Pain ou la Cendre (1978), Les Cancrelats (1980), Les Méduses (1982), jusqu’au Bal de Nadinga et Ces fruits si doux de l’arbre à pain (1987) qui sera sélectionné pour le prix Goncourt sans être retenu, on entend le cri d’un poète qui refuse jusqu’au bout de servir les impostures, comme l’écho d’une vie marquée du désir d’être un homme parmi les hommes.