Vauban, ou la mauvaise conscience du roi

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Par Alain Monod

Vauban est un des rares personnages historiques qui soient aussi légendaires. Sa théorie du « pré carré » est bien connue : elle a aidé à fixer les frontières de la France ; ses oeuvres de fortifications sont également célèbres et l’UNESCO vient tout juste de les inscrire au patrimoine mondial. Pourtant, l’image qu’on se fait de lui est souvent faussée : loin d’être soumis au Roi, Vauban était un esprit libre et audacieux. Et c’est le portrait de ce Vauban contestataire, quasipré- révolutionnaire que dresse ici Alain Monod. Aucun des grands commis de Louis XIV n’osa s’adresser au Roi Soleil avecune telle liberté, frisant l’impertinence, en bousculant toutes les étiquettes, les règles et les lâchetés des grands courtisans du monarque absolu. Vauban, ce maréchal proche du pouvoir, nécessaire au pouvoir, fidèle au pouvoir, interpelle avec vigueur le plus puissant monarque que la France ait jamais connu. Contre l’indigne oppression religieuse et l’expulsion des protestants, au nom du credo « un roi, une foi, une loi ». Pour la liberté d’opinion et de conscience qu’il revendique avec fermeté. Vauban s’insurgea ainsi contre la révocation de l’Édit de Nantes. Contre les inéquités et les injustices qui frappent un peuple plongé dans la misère, Vauban défendit un projet de réforme de la fiscalité fondée sur une contribution générale éliminant tous les « traitants » et autres intermédiairesvéreux. En rupture avec son siècle, il est le premier à afficher officiellement une exigence morale devenue universelle. Tant et si bien que Fontenelle a pu écrire en 1707, dans son éloge pour l’Acédémie des sciences, que Vauban a été « un Romain qu’il semblait que notre siècle eut dérobé aux plus heureux temps de la République. » « Vauban hors les murs » apparaît ainsi comme un personnage exceptionnel qui marche, tout botté et encuirassé qu’il est, vers le siècle qui vient, le siècle des Lumières et le temps d’une Révolution dont il craignait la fatale conclusion. « Aujourd’hui le bouclier fiscal qui protège si bien les plus riches français, les parachutes dorés qui sauvent les dirigeants d’entreprises menées au désastre, le confort des paradis fiscaux dont sont équitablement écartés les damnés de la terre, tous ces privilèges modernes font irrésistiblement songer à ce que Vauban tenta de réformer…»
Extrait de la préface de Pierre Joxe

14 x 21 cm – 224 pages
ISBN: 978-2-914214-45-2

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