Pourquoi la France a-t-elle fait la guerre d’Algérie ?

De 1954 à 1962, la France accomplit en Algérie un effort militaire et financier sans précédent outre-mer. Comment l’histoire, appuyée sur la psychologie, l’économie, la science des organisations, peut-elle expliquer ce qui apparaît souvent aujourd’hui comme un acharnement peu compréhensible ? Pourquoi la France a-t-elle fait la guerre d’Algérie ? Se poser la question soixante ans après les accords d’Évian peut paraître d’autant plus incongru qu’il n’existe probablement pas de réponse tranchée, définitive, sauf à endosser les certitudes d’une pensée formatée incompatible avec la richesse des contradictions humaines.
L’état des lieux n’est pas rassurant. La guerre d’Algérie semble se prolonger sous la forme d’antagonismes mémoriels puissants, comme si chaque génération cherchait à régénérer le flux mémoriel tant en France qu’en Algérie. Cette guerre civile a déchiré des populations, deux nations, l’une ancienne en recherche de réassurance, l’autre émergente en quête d’existence.
La guerre d’Algérie fut le marqueur d’une génération mais, paradoxalement, on ne sait toujours pas si ce marqueur ferme une période de conflit pour ouvrir une période de paix ou s’il perpétue par ses prolongements l’interrogation fondamentale qui anima sa genèse : les contours de la France, sa géométrie dans l’espace, sa composition humaine, son rayonnement de puissance. Cette énigme est peut-être posée pour ne pas être résolue. Elle est une étape dans une histoire en devenir.