L’empire des sultans – anthropologie politique au Maroc

L’empire des sultans – anthropologie politique au Maroc

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De Ali Benhaddou

Après avoir enquêté sur l’organisation du pouvoir au Maroc (Les élites du Royaume), l’auteur s’intéresse ici à l’univers sacré des sultans, des seigneurs et des hauts dignitaires du Royaume chérifien, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours. Pour prendre le pouvoir, guerriers et suzerains, théologiens et mystiques, capitalistes et politiques animent des intrigues se déroulant sur la scène de l’Histoire. Qui gagne ? Qui perd ? Qui dépend de qui ? Qui manipule qui ? Vainqueurs et vaincus partagent la même angoisse née de l’incertitude de l’avenir, source de conflits entre les acteurs cherchant à tirer parti de leurs avantages et à minimiser ceux des autres. Beaucoup ont une prédilection pour le despotisme théocratique, hors duquel il n’est ni vérité, ni salut. D’autres, formés aux valeurs universelles, exaltant leur ardeur pour la cause libérale ou socialiste, exhortent au combat pour la démocratie formelle. Mais, très vite, leur espérance tourne au cauchemar, leurs idéologies progressistes deviennent dangereuses.
Monographies, portraits, témoignages des principaux acteurs, nourris des archives inédites sur les hommes
et les institutions, démontrent que tout le problème, depuis un siècle, de génération en génération, repose sur la lutte pour le pouvoir. Et cette lutte, complexe, incompréhensible, irrationnelle, dépend de la capacité des protagonistes à se conformer aux règles du jeu non écrites du système politique. L’ensemble ne tient que par le fractionnement des groupes constitués, qui génère des compétitions, des rivalités, des tensions, des incohérences et, par conséquent, l’inefficacité des organisations en apparence les plus modernes. Les partis d’opinions se dégradent d’année en année depuis mars 1965, entraînant une défaite historique de la pensée politique et même de la pensée tout court. Jamais échec n’eut de conséquence plus grave.
Le processus démocratique ne devait reprendre qu’en mars 1998. L’alternance ? C’est la césure. C’est l’inachèvement qui brise l’illusion de la modernité née de la transition politique. C’est la défiance des citoyens à l’égard de leurs dirigeants qui se reproduisent par héritage ou par cooptation sélective, et qui essaiment dans tous les lieux où s’exerce le pouvoir, sans légitimité politique. Des dynasties technocratiques se fortifient au gré des formations scolaires, des successions patriarcales, des alliances politiques, des croisements, jamais révolus, de lignages sacrés et profanes. Ce sont les vainqueurs de la croisade du bien contre le mal, et inversement, substitut du politique, stratégie de luttes subjectives réservées aux élites, mais toujours en passe de détrôner des idoles et d’en fabriquer de plus efficaces, selon les circonstances. Si cette croisade morale constitue une contrainte extrêmement forte à tout changement, elle procure aux bénéficiaires l’avantage d’exercer le pouvoir, puis le transmettre aux générations suivantes, jusqu’à ce qu’une autre raison politique fasse surgir de nouveaux rapports de force. Ce vieux fond anthropologique, porté sur les structures familiales ou tribales à base politique, se maintient en dépit de tous les mouvements historiques.
Chercheur universitaire, il a notamment participé à des actions de développement social urbain et à des missions d’enquête sur des organisations économiques et sociales.

16 x 24 cm – 313 pages
ISBN: 978-2-36013-008-5

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