Vendredi après-midi 31 mars, en plein Ramadan, l’auteur de Penser l’islam depuis l’Afrique (21e pépite de la collection de poche) a inauguré le cycle des conférences organisé par la section Panthéon-Sorbonne de l’association des Étudiants musulmans de France (EMS). Devant plus d’une trentaine d’étudiantes voilées ou pas et d’étudiants réunis dans un amphithéâtre, il a exposé quelques traits précis de la doctrine du théologien malien Cherif O. Madani Haïdara très opposé au mouvement wahhabite venu d’Arabie saoudite. Plaidant pour un islam issu des confréries locales et des enseignements des villes religieuses de Ségou et Tombouctou et dénonçant le « complexe du musulman arabisé » des Maliens revenus des pays du Golfe, il affirme aussi que l’arabe n’est pas la langue de la religion musulmane puisque Dieu n’a pas de langue, et s’attache à la dimension universelle de l’islam. L’approche du chercheur le rejoint en cela qu’il pointe aussi la tradition orientaliste de l’Université française à cantonner l’étude de l’islam subsaharien à l’ethnologie, et il invite à dépasser ce « narratif colonial » pour faire entrer la contribution de l’Afrique subsaharienne dans le champ des études en islamologie à part entière. Tout comme Haïdara, l’auteur rejette l’idée que le Coran s’imposerait à tous croyants sans nécessité d’interprétation (certains affirmant même que « l’interprétation » serait une notion « occidentale ») : « Toutes les écoles interprètent le texte coranique » et c’est l’objet de ses travaux sur les réformistes de l’islam qui n’ont pas cessé, jusqu’au XIXe siècle et aujourd’hui encore, d’être dans une « dynamique de relecture ».
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