C’est dans une ambiance revendiquée « antifascista » que Riveneuve a participé une nouvelle fois au formidable salon de la petite et moyenne édition « Più Libri Più Liberi » le premier week-end de décembre, à Rome. Le samedi 6 décembre, une manifestation au cœur même du salon entraînait la plupart des éditeurs à recouvrir leurs stands de draps noirs tandis que la foule se pressait pour protester contre la présence, pour la première fois dans cette foire de tradition antifasciste, d’une maison aux publications néonazies. Le badge « qui c’è una casa editrice antifascista » s’affichait sur de nombreux stands et le vendeur des éditions alliées de Riveneuve, Italo Svevo, tout en soutenant le mouvement, se demandait s’il ne donnait pas trop de visibilité à cette petite officine.
La veille, le vendredi soir, à la belle librairie Stendhal tout près de l’Institut français et de l’église aux Caravage Saint-Louis-des-Français, Hatem Nafti, l’auteur de Notre ami Kaïs Saïed, essai sur la démocrature tunisienne, dénonçait aussi devant plus d’une quarantaine de personnes le « fascisme » du président tunisien qui s’est arrogé tous les pouvoirs, dont celui de réécrire la loi selon son humeur et ses ressentiments contre toute l’opposition, laïque comme islamiste. Arborant un T-shirt avec le visage de l’avocat Ayachi Hammami, arrêté voici une semaine pour complot terroriste contre la sûreté de l’État, comme plusieurs dizaines de dirigeants politiques, avocats ou journalistes, l’auteur a décortiqué la logique d’un régime complotiste et raciste, incapable de répondre aux besoins des populations qui manifestent pourtant toujours contre la pollution ou la crise économique, mais sans toutefois en rendre encore le chef de l’État responsable. Bénéficiant de l’appui de l’État profond et de l’armée, mais aussi de ses « amis » italiens, français et européens pour garder les frontières contre les migrants subsahariens, Kaïs Saïed peut continuer son travail de sape de la révolution de 2011. Aussi l’ouvrage d’Hatem Nafti rencontre-t-il de l’intérêt pour une version italienne chez trois ou quatre éditeurs croisés au salon et recommandés par Vincent Raynault, chargé du livre à l’ambassade de France, ou Alberto Gaffi des éditions Italo Svevo.
Sous leurs conseils, Gilles Kraemer a d’ailleurs démarché une petite dizaine d’éditeurs pour placer La Nuit baroque de Zadig Hamroune, Le droit international est-il mort à Gaza ? de Jérôme Heurtaux, Faut-il brûler Averroès ? de Thierry Fabre ou L’Afrique contre la démocratie d’Ousmane Ndiaye.
En parallèle, les partenaires de l’alliance d’éditeurs européens WIR, réduite à l’Italienne et à la Française en l’absence de l’Autrichienne Wieser mais accueillant la Macédonienne Ili-ili de Nenad Stevović, tâchaient, avec l’enseignante Maria Di Pino, d’avancer sur un projet de traductions de jeunes romanciers de moins de quarante ans issus de Macédoine, Serbie, Bosnie et d’ailleurs, ou écrivant dans une langue seconde que seraient pour eux le français ou l’italien dans le cadre du programme Creative Europe.
Et déjà les rendez-vous sont pris pour l’année prochaine, où il est question de célébrer de concert, et dans un esprit « antifascista » de bon aloi, les dix ans de la Librairie Stendhal sous la gouvernance de Marie-Eve Ventorino et ceux de Riveneuve sous celle de Gilles Kraemer pour une double décennie de création et de résistance !
Acheter les livres :
- Le droit international est-il mort à Gaza ?
- La Nuit baroque
- Faut-il brûler Averroès ?
- L’Afrique contre la démocratie
- Notre ami Kaïs Saïed

















