Pendant trois jours et dans une ambiance estivale à Bordeaux (19-21 mars), la fine fleure de l’édition indépendante française s’est retrouvée – quelque 450 participants – pour débattre et témoigner de la difficulté d’exister dans un univers impitoyable où 80% du secteur appartient aux grands groupes et à quatre milliardaires qui surproduisent et étouffent le marché, où les coûts augmentent en continu, où les marges sont ridicules, où les salaires sont riquiqui, où les préoccupation écologiques sont stressantes, où les aides et la reconnaissance restent marginales, où le public se réduit et où l’IA menace plusieurs métiers… N’en jetez plus ! Le dessinateur de presse Urbs (qui illustre aussi certains ouvrages de la collection « En marges ! » chez Riveneuve et tient à Bordeaux la librairie La Mauvaise réputation, tout un programme) s’en est donné à coeur joie pour railler ces éditeurs au bord de la crise de nerf mais « heureux du choix qu’ils ont fait ». Organisées par la Fédération des éditeurs indépendants (FEDEI) qui regroupe toutes les organisations régionales dont l’association d’Ile-de-France à laquelle adhère Riveneuve (EDIF), les Assises se sont ouvertes par la présentation d’une large étude du cabinet Axiales avec le soutien du ministère de la Culture sur le secteur d’où il ressort que Riveneuve fait partie des plus petits des plus gros, ou des plus gros des plus petits, dans la bonne moyenne des maisons qui tournent avec 2 équivalents temps plein, l’emprunt reposant sur ses actionnaires, la parution d’un peu moins de 20 livres par an et la vente en direct pour quelque 30% de son chiffre d’affaires. Primus inter pares. Bonnes pratiques, rencontres avec toute la chaîne du livre, idées mais surtout action collective autour d’une plateforme, Oplibris, pour réunir tous les logiciels en accès ouvert de gestion des données du livre de sa conception à sa vente, autour de l’obtention d’un siège « édition indépendante » au sein du Centre national du livre (CNL), ou pour faire reconnaître par tous, gros éditeurs comme institutions et Etat, mais aussi publics, à travers un label spécifique ou des tarifs postaux particuliers, que, même marginale en terme de CA du secteur, l’édition indépendante lui est essentielle en terme de créativité, de diversité, d’audace, puisque, au final, « les petits éditeurs servent de pépinières pour les gros qui viennent y piquer les auteurs qui émergent ». Un retour d’ascenseur serait effectivement apprécié !





