C’est un juste retour aux sources, au théâtre de la Criée sur le quai Rive Neuve à Marseille, où est née la maison d’édition voici 24 ans, que le lancement en France de l’essai brillant et urgent de Thierry Fabre : Faut-il brûler Averroès ? Ce qui nous arrive. Déjà présenté à Rabat au Maroc à la fin du mois dernier, il a réuni près de 300 personnes le vendredi 6 juin au théâtre marseillais lors d’une soirée exceptionnelle de débats et de musique fusionnelle arabe et espagnole (le Barrio oriental) à l’initiative des « Voix de Marseille ». Créé voici un an pour réagir au choc des élections européennes puis législatives qui avaient placé l’extrême droite aux portes du pouvoir, il a aussitôt proposé une nouvelle grande soirée d’idées et de musiques pour accompagner l’ouvrage de Thierry Fabre dans la collection « Pépites » et au titre provocateur (surtout pour l’auteur, fondateur voici une trentaine d’années des Rencontres d’Averroès à Marseille !). Car le propos de l’ouvrage est bien de réveiller les consciences avant qu’il ne soit trop tard alors que le racisme anti-musulman et anti-arabe de plus en plus décomplexé renforce le séparatisme (eux et nous) et prépare la jonction entre droite et extrême droite, avec le risque, pour reprendre l’expression de l’historien Johann Chapoutot, que « l’extrême centre » produise l’extrême droite. Modéré par l’écrivain Rémi Baille de la revue Esprit, le débat suivant s’est enrichi de la contribution de l’historienne Samia Chabani, engagée dans l’éducation populaire et sociale avec l’association Ancrages qui documente les mémoires de l’exil, la diplomate Brigitte Curmi qui rappelle que pour « faire Méditerranée, il faut en revenir au droit et résoudre les conflits, sinon on reste dans les fantasmes », et le psychanalyste franco-tunisien Fethi Benslama qui souligne, sans minimiser l’impact des attentats au nom de l’islam sur la population, le rôle de la peur lorsque les dirigeants au niveau national comme international ont quitté le politique pour surfer sur les passions tristes puisqu’ils ne gèrent plus rien (« et qu’ils ne travaillent pas et ne lisent pas » !). Justement, des lectures bien choisies d’extraits d’œuvres de Jorge Luis Borges, Yadh Ben Achour et Jean Giono ont rappelé, avec la musique du Barrio oriental, que l’art et la pensée avancent main dans la main, d’autant que c’était le maître des lieux, le comédien Robin Renucci, qui lisait ! « Nous serons tous d’ici », philosophie de l’ouvrage, était le maître-mot de la soirée. Il doit se disséminer désormais à la librairie marseillaise Maupetit le 20 juin, à la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) à pParis le 27 juin et au Maghreb du Livre à l’hôtel de ville le lendemain, avant le Festival des idées les 4–5-6 juillet à la Charité-sur-Loire… Et ce n’est qu’un début ! 

> Pour acheter le livre de Thierry Fabre, Faut-il brûler Averroès ? Ce qui nous arrive, c’est ici !