C’est une tradition depuis quelques années, alors que le festival des cultures italiennes à Paris célèbrera son dixième anniversaire l’an prochain, de consacrer une demi-journée aux professionnels de l’édition des deux pays. Répondant à l’invitation de Fabio Gambaro, ancien directeur de l’Institut culturel italien rue de Varenne, le président du syndicat des éditeurs italiens Innocenzo Cipoletta et la vice-présidente du SNE Liana Levi, la plus italienne des éditrices françaises, ont débattu le vendredi 5 avril sur la situation du livre dans les deux pays après les années exceptionnelles de la période Covid. Assurément les guerres actuelles, les augmentations des prix, la concurrence des écrans plombent l’atmosphère et les comptes d’un secteur qui reste la première industrie culturelle en France comme en Italie. Quelle stratégie face à l’IA, au marché de l’occasion, à la baisse du temps de lecture chez les jeunes ? Pour la vente des droits à l’étranger, l’Italie mène une politique volontariste avec des aides à la traduction (Ministère du commerce extérieur, Centre du livre et de la lecture, New italian book…) mais en 2023 il y avait quelque 1890 titres français achetés contre 900 titres italiens vendus en France. Côté français, on note une baisse d’intérêt pour la littérature traduite et les six éditrices françaises ou italiennes qui débattaient ensuite ont pu réagir à cela. Au-delà du besoin des lecteurs de rencontrer et d’échanger directement avec leurs auteurs, il faut sans doute voir aussi un certain repli sur soi en ce moment en Europe ; d’où la nécessité d’une politique volontariste. C’est ce qu’espère mener Riveneuve avec son projet « Les femmes écrivent le voyage » pour la traduction de 5 romancières de 5 pays différents déposé au même moment auprès de l’UE dans le cadre du programme Creative Europe. Si en août prochain le projet est retenu, le premier roman d’une Italienne d’origine roumaine, Andreea Simionel, originellement publié chez notre partenaire Italo Svevo de Rome et Trieste, paraîtra pour la rentrée de janvier 2025, juste à temps pour intervenir avec sa traductrice au dixième Italissimo ! Car le directeur Fabio Gambaro l’a bien rappelé : le festival permet de faire venir devant le public parisien des autrices et auteurs déjà très connus mais aussi certains qui sont traduits pour la toute première fois, dans un esprit de découverte et de nouveauté.