C’est dans une ambiance clair-obscur de crypte, dans la dernière salle de l’exposition « Les trésors sauvés de Gaza, 5000 ans d’histoire » de l’Institut du Monde arabe, que l’archéologue René Elter a présenté le 5 juin devant une trentaine de personnes le projet Intiqal et le livre paru chez Riveneuve Gaza, comment transmettre le patrimoine, en français et anglais, puis en arabe. Faut-il inventer un concept d’archéologie humanitaire pour caractériser ce programme qui a formé une centaine de jeunes archéologues et architectes, hommes et femmes, de Gaza à tous les métiers de la recherche, la restauration et la mise en valeur pour la transmission en zone de conflits permanents depuis 2017 ? Avec des experts du Louvre ou de L’institut national du patrimoine et de l’Ecole biblique de Jérusalem, le cadre de l’ONG Première Urgence et l’appui du British Council, de l’Agence française du développement et du ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités, une équipe de 40 personnes (un a été tué par un drone depuis le 7 octobre 2023) a atteint un niveau international, avec la résilience en plus, pour mettre au jour les mosaïques exceptionnelles du monastère de Saint-Hilarion (13 pavements) ou retailler en gré marin la voûte d’une crypte effondrée malgré l’embargo israélien sur les machines-outils nécessaires. Aujourd’hui, dans la survie quotidienne et sous les bombardements, l’équipe reste solidaire, surveille les lieux archéologiques et informe le maître de chantier Fadel, réfugié en Suisse (et intervenant en visioconférence), et René de l’état des destructions. Sur des photos aériennes, on voit clairement qu’un camp de tentes de réfugiés s’est installé près des fondations de Saint-Hilarion avec un marché de survie, tout en respectant la zone archéologique que des centaines d’élèves visitaient chaque semaine avant la guerre génocidaire actuelle. Avec l’Unesco qui a inscrit les sites au patrimoine de l’humanité et patrimoine en danger, le programme Intiqal est prêt – dès le cessez-le-feu – à faire l’état des lieux pour sauver ce qui peut l’être et restaurer les pierres autant que les gens. René a rapporté les paroles de l’archéologue Leila qui continue à lui envoyer chaque semaine, « quand elle a de l’électricité et du réseau », ses relevés et ses dessins « parce que c’est ce qui nous permet de continuer à vivre ».
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