L’homme de théâtre Gabriel Garran – celui du théâtre de la Commune à Aubervilliers et du Théâtre International de la Langue Française à La Villette – a tiré sa révérence le 6 mai dernier, après une longue vie pleine de rebondissements et presque entièrement dédiée à la scène. Presque, parce que chez Riveneuve et grâce à l’éditeur nomade Michel Archimbaud qui est compagnon de route de la maison, nous connaissions surtout son tropisme pour la poésie, écriture fondamentale. Gabriel Garran a ainsi publié chez Riveneuve/Archimbaud d’abord « Filiation » (2017), distingué par le Prix Fetkann ! et parce qu’il y avait encore à dire – sa poésie étant largement autobiographique, « Ce que j’ai à dire » (2019). L’auteur a reçu le Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
« ce que j’ai à dire est aussi simple que bonjour et bonsoir quand vous quitter me tue…» – Gabriel Garran – 2019

Ce que j’ai à dire
Gabriel Garran a commencé sa démarche liée à l’écriture bien avant celle consacrée au théâtre, coupée de toute écoute et soumise à une solitude adolescente. L’occupation, l’éparpillement et la déportation l’ont isolé et constamment mobilisé. Ce n’est qu’à 19 ans qu’il est allé au théâtre. Depuis, sa trajectoire culturelle sous forme poétique est restée intacte.
Il réunit ici, dans un nouveau recueil, des poèmes écrits tout au long d’une vie. Les voici composés en un ouvrage qui trouve tout naturellement sa place en regard de son œuvre.

Filiation
L’homme est fait pour plusieurs voyages. Fils d’émigré, marqué par l’Occupation, sa solitude disloquée au sortir de l’enfance trouvera finalement son expression personnelle dans le théâtre, lieu de découverte, espace de rencontre.
D’une génération fondatrice, culturelle, d’entreprises et de public, c’est la marge qui l’intéressera : la banlieue et la Francophonie, avec le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, premier pari contemporain et permanent à longueur d’année de la périphérie. Puis ensuite le Théâtre International de Langue Française (TILF) en explorant l’étonnante vitalité scénique jaillie hors de nos frontières.
Ce que nous ignorions de lui, c’est qu’en parallèle, il ne pouvait s’empêcher d’écrire, faisant naître ainsi son roman autobiographique Géographie française (Flammarion). Et qu’il était par ailleurs porteur d’un univers intime et poétique qu’il n’avait de cesse de garder devant lui. Et que l’on commence enfin à reconnaître.
Gabriel Garran est homme de théâtre, metteur en scène, défricheur d’œuvres inédites, auteur, adaptateur, acteur de cinéma.