Jours tranquilles à Istanbul

De 2016 à 2019, la Turquie vit au rythme de la construction d’un État autoritaire. Purges massives, arrestations, licenciements se multiplient dans le pays depuis le coup d’État manqué et le durcissement du pouvoir du président Recep Tayyip Erdoğan… Le temps où ce pays émergeant suscitait l’admiration de tous pour sa modernité, son développement et sa démocratisation compatible avec un islam politique semble bien éloigné. 

Sur fond de guerre contre le parti autonomiste kurde et de terrorisme, toute une frange de la population – intellectuels, journalistes, avocats, minorités, opposition… -– est marginalisée sous le regard indifférent voire complice d’une autre partie des citoyens. En 2018, les élections présidentielle et législatives confortent l’étendue des pouvoirs du chef de l’État et de sa formation, l’AKP. L’ancienne capitale de l’empire ottoman, Istanbul, vit aussi au rythme de cette dérive autoritaire. 

Camille Lafrance y accoste en 2016 après avoir suivi la transition politique en Tunisie. Derrière Istanbul l’orgueilleuse, elle croise Istanbul la mutine, terre d’asile et de résistance qui accueille l’errance de ses migrants, venus de Turquie ou d’ailleurs, comme les Syriens qui la peuplent depuis la guerre voisine. Alors que les médias indépendants sont muselés ou rachetés par de grands groupes proches du pouvoir, ces chroniques font entendre d’autres voix, celles du quotidien et celles des sans-voix d’une ville toujours inspirante et inspirée.