Albert Camus. Naissance d’une vocation

Les jeunes années d’Albert Camus jusqu’en 1939, date de la parution de ses premiers articles sur la Kabylie, construisent sa personnalité d’écrivain. Dès sa première pièce de théâtre, Révolte dans les Asturies, et son premier livre, L’Envers et l’Endroit, publié auparavant chez l’éditeur algérois Charlot, l’auteur puissant est là. Des indices aussi émergent très vite comme les relations fusionnelles avec sa mère mutique, l’intense pauvreté, les rapports avec ses pères de substitution comme son oncle Joseph, communiste, son oncle Gustave, anarchiste, son instituteur laïque, monsieur Germain, son mentor Jean Grenier, les moments d’amitié en équipe au football, la tuberculose sur laquelle son adolescence s’est ouverte, sa jeune sensualité au contact de la puissante beauté de l’Algérie, les espoirs de liberté ou les drames collectifs de l’époque et leur contenu idéologique. Il les livre dans Le Premier Homme, son roman le plus abouti – quoiqu’inachevé – où l’auteur puise ici comme dans sa plus authentique biographie. Voici une lumineuse démonstration que l’écrivain brillant est déjà pleinement contenu dans l’adolescent résilient, révolté, profondément humain et déjà nostalgique.